Cher ***,
Il émane de ma Rêverie d’aujourd’hui un désir de projet de volumes dans le paysage mieux assis et assumé. Détachement progressif des modes d’insertion confortables — qui ont été néanmoins de bons leviers :
M’appuyant sur le « land-art », mobiliser le génie du paysage comme plateforme pour des expressions plastiques de grande échelle afin d’en faire émerger du sens.
Utiliser le paysage comme environnement harmonique à un statuaire monumental (grand parc de statues contemporaines, comme celui de la fondation Sallinger, où j’ai eu comme voisine une statue de Niki de Saint Phalle)
Ou encore affronter, me confronter, voire provoquer l’environnement que l’on me propose, comme quand j’oppose la légèreté et la transparence, au pondéral, à l’opaque et au minéral, en milieu monumental (cour de l’archevêché durant le festival d’Avignon, cet année).
et autres : grand volume pour marquer un événement (comme je l’ai projeté pour le festival de jazz de Porquerolle, l’intention étant de le signaler jusqu’en mer), mise en espace et en lumière de pièces de théâtre, etc...
L’objet est donc que je m’affranchisse graduellement de ces recours.
Restera également en plan caché mon irascibilité — dans laquelle je m’empêtre souvent — vis-à-vis de l’illégitimité des droits que l’on se donne sur le sol (étendu au paysage).
Viser le seul implicite comme vecteur du message, uniquement adossé aux fondements de mes expressions :
grands gestes expressifs, mais « polis » avec le paysage : taille maxi, impact mini
proximité mais distance : effleurement
parti pris de la légèreté, également pour la mise œuvre : chaque élément, même de structure, peut être manipulé par un seul homme.
s’ensuit une apparence frêle, mais cependant un robustesse confirmée
monumentaux mais éphémères
présents mais poreux
massifs mais vibrant
inertes mais vivants
consistants mais évanescents
laissant ambiguë la limite intérieur/extérieur, transparence/opacité, ombre/lumière
vide (non fonctionnel : j’écarte définitivement l’architecture), mais peuplé (l’on se projette et se rêve dans les volumes)
voire, fugacement, se glisser dans le contact enveloppant des toiles, qui protègent, mais n’emprisonnent
et donc lointains, mais proches
et autres dans cet esprit.
Bien à toi, etc.
Photo : Carina Istre