P. Kabongo N’Kishi, Le rythme est liturgie

Article publié le 6 février 2014
Pour citer cet article : , « P. Kabongo N’Kishi, Le rythme est liturgie  », Rhuthmos, 6 février 2014 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article1112

P. Kabongo N’Kishi, Le rythme est liturgie. Performance, action et participation des chants liturgiques africains Luba du Kayasi, Rome, 2012.

  • La préoccupation pratique (théologico-pastorale) du Concile Œcuménique Vatican II nous permet une collocation décisive dans cette piste méthodologique pour recentrer la participation vive, active et consciente du Peuple de Dieu à célébration de l’Eucharistie comme visée


L’input pratique de cette publication, qui a fait aussi et en même temps notre préoccupation majeure et dominante tout au long de nos enquêtes et requêtes au sujet du rythme vivant de la célébration catholique de la Sainte Messe, trouve sa source de jaillissement dans l’attention théologico-pastorale de la Liturgie comme elle est offerte par le Concile Œcuménique Vatican II. Force est de noter dès lors le souhait en ayant découlé, soit la réforme des rites chrétiens entendue comme leur alignement incisif au génie des cultures, des peuples et des nations du monde afin que ceux-ci rendent effectivement grâce et célèbrent le Dieu révélé par Jésus-Christ pour ses innombrables bienfaits allant de la Création à la Rédemption de tout le genre humain. Le Concile vise donc une action de grâce et une célébration qui soit vivement participée, activement, consciemment et totalement habitée par les assemblées du monde se reconnaissant comme étant Peuple de Dieu, conquis au prix précieux du sang du Christ versé sur la Croix pour le Salut de tous. L’Eucharistie s’offre à ce propos comme étant le lieu célébratif cardinal pour toute la Liturgie chrétienne.


Par ailleurs conçue comme « Exercice de la médiation sacerdotale » du Christ total – de la tête qu’il est aux membres de son Corps Mystique qu’est le Peuple de Dieu – l’intelligence théorico-conciliaire de la Liturgie incite irrésistiblement à une enquête orientée à la vérification de cette nature intime de la Liturgie au sein de l’intelligence pratique des effectives célébrations Liturgiques du Peuple de Dieu, occidental ou africain. Il en dérive une piste méthodologique partant de la structure des célébrations eucharistiques jusqu’à la manière de fluer qui les caractérisent, faisant visiblement et effectivement leur indéniable différenciation, laquelle concède au rythme dans son aspect énergético-vital de s’ériger en facteur des performances, des actions et de l’effective participation dérivant des actions rituelles comme le chant et les autres gestes verbaux et non-verbaux à travers lesquels se déclinent la célébrations chrétiennes.


Ainsi nous est-il paru tout indiqué de faire décoller nos enquêtes du Missel, manuel liturgique et scientifico-rituel de premier plan, instrument pédagogique, théologique et spirituel de la célébration de l’Eucharistie, pour en arriver à poser la requête d’une participation effective qui implique, avec la raison/intellect le corps et ses actions rituelles perçus comme générateurs de sens, de louange, de demande et d’adoration dans le culte public de l’Église.


Soucieuse d’une trempe sérieusement scientifique, pragmatique et liturgique, notre démarche dans cette publication part d’abord des textes liturgiques contenus dans la structure des deux Missels officiels : celui de Paul VI (ou Missel Romain) et celui Congolais (Missel Romain pour les diocèses du Zaïre). Ancrés dans l’intelligence liturgico-pastorale et participative du Concile Vatican II, ces deux Missels – marquant une avancée vis-à-vis du Missel de Pie V – confèrent au présent travail l’impérieux devoir consistant à cerner la performance ainsi que l’ « actio » (action) et ou « oratio » (prière) rythmo-énergétiques de la célébration de la Sainte Messe dans un seul rite romain mais en deux contextes de la vie réellement vécue.


Dans une pareille enquête, il appartiendra donc non aux slogans idéologiques mais bien plutôt à la nature même de la Liturgie contenue dans la Constitution Conciliaire Sacrosanctum Concilium – concept phare de tous les autres débats liturgico-rythmiques – de conduire, par-delà la littérature en ayant découlé, à un examen de l’effectivité participative du concret cultuel entendu comme action rituelle du Christ-Chef et de ses membres ; fidèles et/ou présidents.


Eu égard à cette entrée en matière s’ouvre une confrontation dialogique et socio-culturelle des deux mondes liturgiques, la chrétienté catholique Occidentale et celle de l’Afrique Noire. Au premier s’attribue a priori le primat de la raison, pendant que dans le deuxième est souvent indiqué le primat des sentiments. Toutefois, les deux sont appelés, dans cette publication, à déployer sans subterfuges ce qui advient effectivement lorsque leurs assemblées rendent un culte au Dieu de Jésus Christ lorsqu’elles célèbrent la Vie de Dieu dans l’Eucharistie. En d’autres termes, notre visée est de mirer à l’objectif précis, celui de percevoir – au crible des normes du Concile Vatican II – une participation totale, du peuple totale à une action commune où le rite de la dernière Cène est le cœur irradiant de la Vie totale de Dieu en faveur des hommes. L’hypothèse de ce travail serait donc celui de savoir si la raison et les sentiments d’une action totalisante du cerveau et des sentiments impliquant tout le corps humain ne pourraient pas constituer la voie de sortie vers une participation effective une pensée totale des actions rituelles perçues comme générateurs de sens, de louange, de demande et d’adoration dans le culte public de l’Eglise qu’est la Liturgie.


L’on comprend dès lors que le soubassement de cette enquête rythmo-énergétique, voulue comme des profondeurs, sous la houlette de la sympathique et bienveillante requête conciliaire en faveur de la richesse cultuelle contenue dans le traditionnel génie socio-culturel de tous les peuples et nations, consiste à aller au-delà des textes et des préceptes – sans les enjamber – avec leurs bibliographies et leurs archives pour en exhumer l’effectivité du culte humain, chrétien et ecclésial. De la lettre des textes, le port final est donc d’arriver à l’esprit de la liturgie et de cerner la concrète vie cultuelle qui s’y déroule dans la richesse de ses formes et dans sa grande puissance unificatrice, actuatrice et participative de la liturgie.


Observer que cette puissance unificatrice, actuatrice et participative là est non seulement le propre mais aussi la nature du rythme vivant et vécu mais aussi le sens d’un titre comme « Le rythme est Liturgie. » Outre à être à tous les effets « une manière socio-culturelle concrète de fluer » d’une célébration symbolico-rituelle comme l’est l’Eucharistie, la stratégie et la construction composante du rythme vivant en célébration – diachroniquement et synchroniquement, structurellement et existentiellement - se veut d’être la grande démonstration du texte en présence. Il s’agit donc d’un texte, non exhaustif mais bien hardi, celui que nous soumettons ici à l’imperfectibilité de tout travail scientifique en tant qu’ouvert à ultérieur dépassement.

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