Monument éphémère du jouir

François Villais
Article publié le 19 juin 2017
Pour citer cet article : François Villais , « Monument éphémère du jouir  », Rhuthmos, 19 juin 2017 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article2005
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Cher ***,


Il est temps de te rapporter le « filage », cette gestuelle que j’ai donnée durant mon séjour aux « îles d’Auvergne », en cette vitalité printanière de fin de mai.

Le résultat final, en frange d’univers, est autonome, inattendu, énigmatique et incongru.

La structure, arrivée ce matin, repartira sous peu.

Anecdote improbable dans le paysage, l’on marche à lui, en cette montagne, et je te donne ci-dessous la scène finale, en son décor naturel :




A l’entrée, l’invite :

L’appel s’étend loin sur la prairie

L’on y glisse, puis l’on s’y glisse

L’on répond à un inspiré appel sensuel

A l’approche, l’on en ressent la respiration, puis l’aspiration


Photo : « L’oursin », 2013 la Montagnette (84)



Entre intrados et extrados, les passages fluides et non turbulents des filets d’air,

l’effet de fente aérodynamique,

qui vous entraîne comme dans des passes,

comme entre deux voiles d’étais, qui facilitent le mouvement d’air


Dessin : prao des Iles Bismarck



L’on chemine entre les tulles, les lycras

dans d’Indécises enveloppes, labyrinthes,

aux opacités calibrées, mesurées

Et cheminant, l’on se confronte aux ombres,

à son ombre, et l’on se dédouble

Une rencontre avec soi-même

L’on chemine entre les tulles, les lycras


Photo : « corps et toiles », 2004, Martinique



Arrivé au cœur, à la nacre intestine, utérine,

une dernière fois l’on revient à la terre

le corps, passant de la prostration

puis par la génuflexion

les mains ont touché-sol

leur posé-terre s’achève.

Maintenant, de bas en haut, le regard suit les mâts

Porte à l’élévation des verticales des toiles.

Le corps maintenant se dénoue, se délie, se déroule et se dresse

C’est un développement, une expansion compulsive et printanière

Et porte de la tête le port du corps et le regard vers le haut


Photo : installation pour « Silencio », d’agnès Varda, 2015 l’Aiguebrun (84)



Arrivé au cœur, à la nacre intestine, utérine

Mais qui abrite, mais n’enferme

Et l’on reboucle l’article 8 mars (D’Avignon, en cette nuit du 7 mars) en cette même résidence « Rhuthmos »

« Ecrans poreux, qui diffusent aussi, du vaste dehors vers l’intime dedans

Tous les vents du lieu, tous les messages d’Alizés ; toutes les chaleurs, toutes
les odeurs, toutes les vapeurs

« L’habitant » est dans tous ses sens, en tous sens

A distance du monde, l’abri lévite ; il anti-gravite

Machine réflexive : captation exploratoire, captation sensorielle

L’on y aspire le lieu, l’on expire son être

Qui retient du paysage, l’hommage « Et l’univers, l’épouse »




Deux heures après, de ce « monument éphémère du jouir », il n’y en avait plus aucune trace.




Arrive maintenant, très cher, l’été…


F

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