Rythmes scolaires : pour une dynamique nouvelle des temps éducatifs

Agnès Cavet
Article publié le 14 août 2011
Pour citer cet article : Agnès Cavet , « Rythmes scolaires : pour une dynamique nouvelle des temps éducatifs  », Rhuthmos, 14 août 2011 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article386

Ce texte a déjà paru sous la forme d’un Dossier d’actualité de la VST, n° 60 – février 2011, à l’adresse suivante : http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/60-fevrier-2011.php.



RÉSUMÉ : La question des rythmes scolaires apparaît comme un « vieux dossier » toujours d’actualité, dont les enjeux et implications dépassent largement le strict cadre de l’institution scolaire. L’école a connu depuis 30 ans diverses réformes visant à « aménager » les rythmes scolaires pour améliorer les conditions de vie et d’apprentissage des élèves. Tel est encore l’objet de la Conférence nationale ouverte au débat public en septembre 2010.


Quels sont les résultats récents de la recherche en éducation qui peuvent aider à renouveler la réflexion ? Quels sont les modèles alternatifs qui se développent aujourd’hui en Europe et en Amérique du Nord, en matière d’organisation du temps scolaire et de synergie des différents temps des enfants ? Quels enseignements peut-on tirer des travaux de recherche qui évaluent ces expériences ? Telles sont les questions développées dans ce Dossier d’actualité.


Quel « temps » fait-il à l’école ? La rythmique élémentaire de « l’heure de cours » reste encore aujourd’hui le principe organisateur de la vie pédagogique, qui est découpée entre les grilles de l’emploi du temps, selon l’équation « une heure - un enseignant - une discipline - un cours - une classe ». Centrée sur les enseignants et non sur des élèves, cette organisation du temps pédagogique n’apparaît plus adaptée aux besoins actuels de transversalité des enseignements et d’individualisation des apprentissages.


Des expériences menées en France, en Suède et aux Pays-Bas montrent pourtant qu’il est possible de repenser l’emploi et l’usage du temps pour que le temps devienne véritablement une « ressource » mise au service de la pédagogie. Ces expériences d’emploi du temps « mobile », « variable » ou « flexible » reposent sur un important travail en équipes de la part des enseignants, dont les pratiques professionnelles se trouvent transformées et enrichies. Ces dispositifs obtiennent des résultats très positifs en termes d’ouverture, d’autonomie des élèves, de stratégies d’apprentissage, de compétences sociales... Elles influencent la motivation non seulement des élèves mais aussi des enseignants et se prêtent bien à la mise en œuvre de pédagogies plus actives.


Aux portes de l’école, le « temps libre » exerce une forte concurrence sur le temps scolaire. L’école n’est plus le seul lieu ni le seul temps qui permette aux enfants et aux adolescents d’acquérir des savoirs, de construire des compétences, de se socialiser et de s’ouvrir sur le monde. Les médias, les bibliothèques, l’Internet, les activités de loisir et de culture, les échanges avec la famille, les amis et l’environnement sont autant d’occasions de développement personnel, d’expériences et d’acquisitions différentes de celles de l’école, complémentaires ou non mais tout aussi importantes.


Pour sortir de cette concurrence et permettre au contraire une concordance des temps éducatifs de l’enfant, se développent dans dans différents pays voisins comme l’Allemagne, la Suisse et le Royaume-Uni des dispositifs d’« école à temps plein », d’« école à journée continue », d’« école étendue » qui ont en commun de fédérer sur le site de l’école une offre d’activités diverses, libres ou dirigées : aide aux devoirs, ateliers, pratiques sportives et artistiques, bénévolat... Les écoles primaires, collèges et lycées sont alors ouverts tous les jours sur une large plage horaire, parfois aussi pendant les vacances. Ces dispositifs reposent sur une collaboration de l’école avec d’autres acteurs locaux. L’école se redéfinit comme un lieu de vie ouvert et fédérateur. Les évaluations de ces dispositifs rendent compte d’effets positifs sur les compétences sociales des élèves et la qualité des relations qu’ils développent avec les adultes.


Toutes ces expérimentations ont un point en commun : la disparition des devoirs à la maison, puisque le travail personnel des élèves est réalisé à l’école.


Telle qu’elle est trop souvent posée, la question des rythmes scolaires renvoie à des modalités d’allocation du temps (combien, à quelle fréquence et pour quelle durée ?), autrement dit à une sorte de « posologie » du temps scolaire qui serait administré aux élèves pour faire passer l’enseignement. Cette approche confère donc un pouvoir supposé à des paramètres quantitatifs qui tendent à ne reconnaître au temps qu’une valeur de « ressource provisionnelle » qu’il convient d’affecter judicieusement pour en retirer les profits.


Fort heureusement, l’action du temps sur l’enseignement ne se réduit pas à sa quantité : la « qualité » du temps passé ensemble, élèves et enseignants, semble avoir un impact beaucoup plus important sur la motivation des élèves et sur la réussite scolaire. Travailler à donner de la qualité au temps de l’enseignement, tel est le projet qui pourrait réunir tous les acteurs de l’éducation.

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