HISTOIRE DES SCIENCES – Journée d’études : « Temporalités et régimes d’historicités en histoire des sciences et des techniques » – Paris – 17 octobre 2014

Rhuthmos
Article publié le 3 octobre 2014
Pour citer cet article : Rhuthmos , « HISTOIRE DES SCIENCES – Journée d’études : « Temporalités et régimes d’historicités en histoire des sciences et des techniques » – Paris – 17 octobre 2014  », Rhuthmos, 3 octobre 2014 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article1337


La question du temps est devenue centrale pour les historiens de la seconde moitié du XXe siècle : il est désormais admis que la démarche de l’historien est un va-et-vient entre le présent (le temps où l’historien cherche et écrit) et le passé, parfois très proche, qu’il étudie ; le jeu de diverses temporalités ou de rythmes est pris en compte dans les périodisations (au pluriel) construites par les historiens ; le temps des hommes du passé, enfin, est lui-même devenu un thème de recherche (Leduc 2004 ; Schmitt 2005).


D’un point de vue plus général, l’étude des diverses expériences du temps des sociétés passées peut prendre forme dans le cadre d’une analyse des « régimes d’historicité » c’est-à-dire des formes d’organisation et d’articulation des catégories du passé, du présent et du futur (Hartog 2010). Restituer les différents équilibres des rapports sociaux aux temps et tenir compte de la diversité des temps dans lesquels les acteurs du passé s’inscrivent offre aussi un point d’entrée pour penser la modernité et les éventuelles spécificités des rapports contemporains au temps – tâche à laquelle s’essaient historiens, sociologues et philosophes (voir notamment Charle 2011, Rosa 2010 ou encore Revault d’Allonnes 2012). De ces réflexions ressortent notamment les idées d’un primat du contemporain, d’une omniprésence du présent que François Hartog qualifie de « présentisme » (Hartog 2010), et d’une accélération des rythmes qui suppose aussi – le point est d’importance pour le travail de l’historien et sa position dans la société (Hartog et Revel 2001) – une historicisation rapide. Cette montée du contemporain ne rend donc pas le passé absent, mais elle en suppose une appréhension particulière, plus mémorielle et articulée à un usage social pensé au présent, plutôt qu’elle ne conduit à établir un lien collectif à travers l’inscription des nouvelles générations dans une tradition pré-existante (Gauchet ?? voir aussi le numéro récent du Débat consacré à la question de « la culture du passé »).


En dépit de ces chantiers d’importance ouverts par les historiens et bien que la question du temps et des temporalités apparaisse en filigrane à travers nombre de sujets abordés par les historiens des sciences et des techniques, en partant de l’importance du temps dans l’organisation du travail et de la vie des chercheurs (voir Lanciano-Morandat et Bouffartigue (dir.), 2013 ou le séminaire de recherche sur « vie et travail scientifique » organisée par Anne Collinot au Centre Koyré) aux questionnements que suscitent les thèmes de l’innovation et de la découverte (voir Cassier et Correa 2013 ou Edgerton 1998 et 2007), en passant par les pratiques scientifiques qui contribuent à construire les futurs (Dahan 2007 ou la littérature qui relève de la ‘sociology of expectation’) ou à conserver la mémoire du passé (Bowker 2008), elle reste, nous semble-t-il, peu travaillée en tant que telle dans ce domaine disciplinaire. L’idée de la journée d’étude des doctorants et postdoctorants du centre Alexandre Koyré est donc de s’en saisir pleinement pour alimenter une réflexion méthodologique en histoire des sciences et des techniques.


Bien que l’étude de la mesure du temps et le rôle des sciences et des techniques dans son objectivation et l’évolution des rapports sociaux au temps ait pu déjà faire l’objet de différents travaux, ce sont ici des approches concrètes concernant les manières d’étudier le temps et d’intégrer les vécus du temps des acteurs dans des analyses portant sur les sciences et les techniques que nous souhaitons mettre au cœur de la journée.


Journée dʼétudes des jeunes chercheurs du Centre Alexandre Koyré – 17 octobre 2014


Bibliographie, programme, résumés des interventions et informations pratiques sur le site de la journée : http://jecak.sciencesconf.org/

Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP