Au croisement de la phénoménologie et de l’esthétique, le philosophe Henri Maldiney amorça, entre 1946-1955, une réflexion sur l’histoire de l’art en tant qu’histoire des rythmes, revisitée à la lumière des héritages formalistes de la science de l’art allemande et de l’École viennoise d’histoire de l’art. S’il fut sans aucun doute l’un des rares philosophes à s’être très tôt emparé du concept de rythme en esthétique phénoménologique, c’est surtout en historien de l’art qu’il élabora cette réflexion de longue haleine, restée jusque-là entièrement inédite. En traversant cette histoire dans un mouvement de chevauchement constant, depuis les arts néolithiques jusqu’au cubisme, en passant par la sculpture romane, la Renaissance, la peinture flamande et le post-impressionnisme, Maldiney marqua d’une part un pas décisif dans la réappropriation conceptuelle d’une topique qui a longtemps semblé devoir rester en dehors du champ de la philosophie de l’art. Mais d’autre part, il forgea une phénoménologie historique du rythme qui en déloge le concept de sa définition classique pour lui accorder le statut d’un principe d’individuation de soi comme de l’oeuvre. Dans cette perspective, son concept de rythme possède une triple portée : envisagé d’abord en tant qu’objet d’analyse, il n’en offre pas moins un prisme de lecture des oeuvres, tout en fonctionnant comme un vecteur de mise en perspective des styles d’existence. C’est à partir de ces cours inédits, que nous voudrions jeter la lumière sur la contribution de Maldiney à l’écriture d’une histoire de l’art considérée comme histoire des rythmes.
Le cycle de conférence est ouvert au public. Chaque séance donnera lieu à une intervention de 1 heure, suivi d’un temps d’approfondissement en dialogue avec les étudiants et le public. Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles – École supérieure des Arts – Rue du Midi 144 – 1000 Bruxelles – Auditoire Horta – Entrée libre
Adnen Jdey est Docteur en philosophie de l’Université de Tunis, chargé de recherches F.R.S- FNRS, au sein du « Centre d’Études Phénoménologiques » – Université Catholique de Louvain.