P. Wolff, L’urbanisme et le mouvement : discours d’une discipline naissante de 1849 à 1916

Article publié le 7 septembre 2021
Pour citer cet article : , « P. Wolff, L’urbanisme et le mouvement : discours d’une discipline naissante de 1849 à 1916  », Rhuthmos, 7 septembre 2021 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article2778

P. Wolff, L’urbanisme et le mouvement : discours d’une discipline naissante de 1849 à 1916, Thèse présentée à la Faculté de l’Aménagement de l’Université de Montréal en vue de l’obtention du grade de Ph.D. en Aménagement, Octobre 2019, 470 p.


Résumé : Ce travail débute par le constat d’apparition récente de la question des ‘transports’ en urbanisme et son remplacement rapide par celle de la ‘mobilité’. Observation étonnante étant donné les liens évidents entre la ville et les ‘transports’ ou la ‘mobilité’ : infrastructures, réseaux, espaces de circulation, déplacements des personnes et des biens, etc. Constat également étonnant à la lecture des auteurs fondateurs de la discipline, dont les écrits démontrent qu’ils abordent tous ces questions. Où était donc passé le transport pendant le XXᵉ siècle pour les urbanistes ? Première piste d’explication, plusieurs auteurs traitent des années 1920-1930 comme d’un moment charnière dans la constitution d’une pensée techniciste, notamment face à la menace automobile. Cette période se soldera par la naissance de l’ingénierie du trafic, à qui est confiée la mission d’adapter la ville à des impératifs de circulation. Cette injonction est sous-tendue par des arguments exprimés dans les termes validés par l’époque et à ce titre, impossible à remettre en cause sans proposition théorique qui correspond aux impératifs épistémologiques. L’urbanisme n’en a-t-il donc pas ? Que dit et comment se positionne l’urbanisme naissant sur ces enjeux, en tant que discipline qui revendique le statut de science dès la deuxième moitié du XIXᵉ siècle ? C’est par l’entrée du ‘mouvement’ — en tant qu’ensemble composé de techniques, de pratiques et de représentations — que ce travail aborde la question, étant donnée la charge culturelle et axiologique associée à la technique, mais aussi celle des concepts de ‘transport’ ou de ‘mobilité’. Et c’est aux discours textuels que ce travail s’intéresse, comme contenant d’expression de la norme et du sens, pour pénétrer l’univers épistémologique du rapport que la discipline entretient avec le mouvement. L’hypothèse de ce travail a d’abord été celle de la place théorique centrale de la question du mouvement dans les propositions de l’urbanisme naissant, qui cherche les objets et les outils qui le forgeront comme science. Ensuite, on soupçonne que les propositions théoriques des urbanistes, ancrées dans un univers de sens constitué sur le temps long, font preuve de trop de prudence et de nuance pour un contexte emprunt de positivisme et de solutions La proposition théorique est testée par l’analyse du discours de dix-sept ‘textes normatifs en urbanisme’ datant de 1849 à 1916 et une étude historiographique parallèle dont on a déduit cinq grands moments de placement du sens situés entre le XVIIᵉ siècle et les années 1930. Il ressort de l’analyse que le mouvement occupe une place centrale dans le discours de l’urbanisme naissant entre les années 1849 et 1916 : les références au mouvement sont omniprésentes dans les textes, elles constituent l’occasion de discussions autant sur les méthodes autant que sur les objets de la science naissante. Des traces des moments de placement du sens sont de plus observables dans les textes à travers les représentations. Ils apparaissent à ce titre comme des témoins de ces sens du mouvement qui fondent beaucoup d’évidences et de normes et qui ne lui permettent pas, dans une certaine mesure, d’exprimer de solution claire et épistémologiquement valables face aux problèmes urbains du début du XXᵉ siècle.


Abstract : This research started as the result of an observation : a recent appearance of the question of ’transportation’ in the context of urban education and its rapid replacement by that of ’mobility’. This is a surprising observation, especially given the obvious links between the city and ‘transportation’ or ‘mobility’ issues : infrastructures, networks, circulation spaces, transport of people and goods, etc. Surprising to a greater degree when reading the founding authors of the discipline ; their writings show that they all address these matters. Therefore, I wonder : where did ‘transportation’ go during the 20th century ? A preliminary assumption is that the period of 1920 was a pivotal moment in the creation of a technicist thought, especially in the face of the automotive threat. This period will lead to the birth of traffic engineering which is given the task to adapt the city to circulation necessities following theoretical propositions that conform with the epistemological imperatives. Does Urban Planning not have any ? As a discipline that longs for a science status since the second half of the 19th century, what does the emerging Urban Planning realm say about ‘transportation’ and where does it stand in this regard ? This research tackles the previous question through the concept of ‘movement’, which is understood as technics, practices and representations to avoid the cultural and axiological baggage associated not only with ‘technic’, but also with the concepts of ‘transportation’ or ‘mobility’. Therefore, this work focuses on the textual discourses as being the place where norm and meaning are expressed, the point being to enter the epistemological realm that establishes the relationship between Urban Planning and ‘movement’. The purpose of this research was first, to theoretically position the question of ‘movement’ in the emerging Urban Planning discipline. Second, I suspected that the theoretical propositions of the first ‘urban planners’ where embedded in deep epistemological references about movement. Discourse analysis was used on seventeen ‘normative texts in Urban Planning’ written between 1849 and 1916. In addition, a historiographic study was conducted, through which five moments are revealed. These moments are associated with different meanings of movement between the 17th century and the 1930s. The result of this analysis leads to the fact that ‘movement’ clearly occupies a central place in the Urban Planning discourse between 1849 and 1916 : it prompts discussions about methods as well as the essence of this emergent science. The selected texts also appear like witnesses of the changing meaning of ‘movement’ through traces of former identified moments. To some extent, the analysis also concludes that Urban Planning does not convey a clear and epistemologically valid solution to the 20th century’s urban problems : early urban planners have proved to be very prudent and full of nuances in a positivist and technicist context. This constitutes a clue as to why the planning propositions could not compete with the traffic engineering solutions.


Collections : Thèses et mémoires électroniques de l’Université de Montréal [17647]
Faculté de l’aménagement – Thèses et mémoires [349]

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