Le mouvement, c’est être en mouvement avec un mouvement. Ce n’est pas un
déplacement d’un point à un autre.
Le mouvement, c’est un déplacement qui laisse sa place à la rencontre et lui permet sa trace. Et la trace, c’est une place qui s’efface pour laisser place au mouvement qui se déplace.
Le mouvement, c’est la vague, c’est la musique, c’est la joie… C’est la sensation mais
pas la fusion.
Le mouvement, c’est l’interstice qui glisse.
Le mouvement, c’est ce qui s’équilibre dans le déséquilibre. Ce qui s’élance dans la
provenance, ce qui s’engage dans le voyage et qui tisse mais n’est pas lisse.
Le mouvement, c’est de tous les instants sans besoin de temps. Le mouvement, c’est
sortir du temps et de son impasse.
Le mouvement, c’est le rythme qui s’entend et s’échange. C’est la résistance qui donne sa danse à la chance. C’est le jeu dans le pas de deux.
L’agencement c’est une composition permanente en deçà de l’ordre et du désordre.
C’est l’ordonnancement qui se dément par tout ce qu’il sent. C’est le flot du chaos qui
émet des mots et suit son propos.
L’agencement, c’est le balancement du mouvement et la porosité des sinuosités.
L’agencement, c’est le sujet qui fait place à l’objet et l’objet qui donne corps au trajet.
L’agencement, c’est le trajet qui s’écarte de son sujet et le sujet qui trouve son objet.
Il ne s’agit plus de vouloir “mettre de l’ordre à tout ça”, ni même de “renverser tout
ça”, mais de chaque fois questionner en amont “comment les choses s’agencent,
comment tout ça s’agence”. L’agencement, c’est laisser place à l’étonnement, au
détournement, aux inventements.
L’agencement, c’est la pile à côté de l’étagère, le chemin derrière la route, le pli sous la peau, le nuage dans le ciel, le son sur l’image, le destin par le voyage…
L’agencement, c’est l’ouverture au mouvement et le mouvement, la nourriture à
l’agencement.
L’enchantement, c’est une note qui s’échappe de la dureté du son. C’est un son qui
s’attrape dans la volupté des notes.
L’enchantement, c’est croire sans miroir. C’est recevoir sans devoir. C’est vouloir sans
décevoir.
L’enchantement, c’est un enchaînement dont l’ajustement ouvre au contentement.
C’est un enchaînement dont l’aboutissement vaut pour un commencement.
L’enchantement est aussi éphémère que rare, aussi précaire que nulle part, mais sa
venue met à nu et jette son dévolu. Il est aussi persuasif que permissif mais la règle veut tristement qu’on ne lui accorde rien de décisif.
L’enchantement, c’est le désir qui comprend le rythme de ses réjouissances. C’est la
créativité qui préserve et déploie le salut de son intimité. C’est le don de soi dans un
moi qui s’étonne et s’adonne.
L’enchantement, c’est le sourire qui prend au visage et le visage qui s’éprend du
paysage.
L’enchantement, c’est le jeu du pas de deux du mouvement et de l’agencement.
Le mouvement, l’agencement, l’enchantement, c’est peut-être finalement ce qui fait
une opportunité. L’opportunité de maintenant comme celle de demain.
GS - Le 22/12/2017