Note sur le rythme dans les sciences de l’homme et de la société de 1880 à 1940

Rhuthmos
Article publié le 10 juin 2010
Pour citer cet article : Rhuthmos , « Note sur le rythme dans les sciences de l’homme et de la société de 1880 à 1940  », Rhuthmos, 10 juin 2010 [en ligne]. https://www.rhuthmos.eu/spip.php?article59
  • Une reprise détaillée de la littérature scientifique des années 1880-1940 a montré que plusieurs familles de penseurs et d’analystes se penchent durant cette période sur les questions du rythme. C’est le cas, tout d’abord, de l’école durkheimienne avec Durkheim lui-même, Mauss et Hubert. Étudiant des sociétés traditionnelles, ces sociologues s’intéressent surtout au rôle structurant des rythmes sociaux qui dominent ces sociétés. Mais le rythme est également très présent dans une famille sociologique d’orientation différente, où l’on trouve Tarde, Simmel et Freud dans ses recherches de psychologie collective. Chez ces sociologues ou psycho-sociologue, l’intérêt se focalise sur les sociétés modernes (même chez Freud qui fait une place à la littérature ethnographique). Du coup, ce sont plutôt les phénomènes de dérythmisation ou de fluidification en cours depuis la deuxième moitié du XIXe siècle qui attirent leur attention.

  • Ces premières approches ont alimenté dans l’entre-deux-guerres la réflexion en France de sociologues intéressés par la construction sociale de la mémoire comme Halbwachs ou par la morphologie sociale comme Gurvitch, d’historiens plus ou moins apparentés à l’école durkheimienne comme Granet (sur le rythme en Chine) et Gernet (en Grèce), de l’anthropologue du christianisme Jousse (sur les rythmes dans les milieux palestiniens au temps de Jésus), et en Allemagne des critiques de la culture moderne comme Kracauer, Benjamin ou du philologue de la LTI Klemperer. La question a été également au centre de recherches menées par des penseurs russes du langage, de la littérature ou de la propagande comme Brik, Tomatchevski, Mandelstam et Tchakhotine.


  • Notre enquête a, pour le moment, laissé de côté plusieurs types de textes. Ceux d’auteurs comme Matila Ghyka (Essai sur le rythme, Paris, 1938), Roger Caillois (L’Homme et le Sacré, Paris, 1939) ou Ludwig Klages (La Nature du rythme, 1922), plus intéressés dans leurs travaux par une « anthropologie philosophique » orientée par la question du sacré que par une véritable démarche scientifique.

  • Ceux, qui ont abordé la question du rythme d’une manière résolument philosophique, comme Bergson, Bachelard et Whitehead, dont les débats sur les rapports entre continuité et discontinuité, durée et instant, recoupent toutefois sans cesse, et parfois très explicitement, le thème du rythme.

  • Les très nombreux textes consacrés à la gymnastique rythmique et aux utopies que ce mouvement a inspiré.

  • Les textes concernant le thème du rythme dans les arts vivants (la danse, l’opéra, la musique) l’architecture et les arts plastiques.


  • Sources : P. Michon, Rythmes, pouvoir, mondialisation, Paris, PUF, 2005
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP